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— FRESQUES —

Libérez les images

¬ Manifeste pour la libération des images

2.8 x 2 m | 2006
imprimé à 5ex sur Dibond 5mm (direct to plate)

Les célébrités sont devenues des hologrammes vivants, suspendus entre les pages glacées des magazines et les pixels scintillants des écrans. Leurs visages, en liberté conditionnelle, sont capturés, déformés, et vendus comme des bonbons industriels dans un étalage numérique. Chaque jour, elles nous les offrent, comme des gâteaux à la crème glacée, mais qui fondent dans l’âme avant de disparaître dans la consommation immédiate. Prisonnières de leur propre reflet, elles se tordent et se replient dans une danse effervescente de likes et de contrats. Mais alors, qui les détient vraiment ? Ces visages transformés en logos ne nous appartiennent-ils pas, à nous, les spectateurs à l’âme fatiguée de consommation ? Il est temps de réclamer une révolution de la vision, d’exiger la liberté des images. Libérons leurs visages comme des oiseaux dans l’air ! Il est temps de les emprunter, de les célébrer et de les libérer, de nous réapproprier ce qui nous a été volé par le marché. Une révolte visuelle, un renversement des ombres numériques !

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INTRODUCTION 'Les fresques' | JEAN-MARIE WYNANTS | Journaliste | 2021 — La fresque, chez Lucas Racasse, c’est le grand œuvre, le feu d’artifice, le moment où explosent toutes les contraintes. L’artiste peut alors se déchaîner, créant des rencontres aussi improbables que jouissives, composant des foules où n’apparaissent que des visages connus que le spectateur peut prendre des heures à identifier un par un. Si l’art de la fresque a souvent servi à célébrer les exploits de nos grands hommes, la manière dont Lucas Racasse s’en empare se démarque totalement des règles du genre. Empruntant leur visage à des personnalités politiques, médiatiques, scientifiques, sportives, religieuses, philosophiques, musicales... il crée d’impossibles rassemblements qui font rêver, halluciner, rire ou grimacer Dans «Wonderland», les 100 personnalités les plus riches de la planète hurlent de rire, entraînées sur des montagnes russes incontrôlables aux allures de veau d’or tandis que l’apocalypse se déchaîne autour d’eux. Dans «Inferno», ce sont les plus grands meurtriers de l’histoire qui prennent leur pied en assistant à un match de boxe entre Caïn et Abel arbitré par Adolf Hitler. Avec «Le Bain Bénit», il entraîne dans des eaux paradisiaques des dizaines de dieux, saints, prêcheurs et autres personnages religieux. Il va plus loin encore dans «Belgica Sexicæ Unita» qui prend à la lettre l’expression du ‘grand bordel belge’ en organisant une énorme partouze avec tous nos hommes et femmes politiques. Iconoclaste Racasse ? Sans aucun doute. Et il se donne du mal pour dégoter, sur le visage de chacun, l’expression collant parfaitement au rôle qu’il lui a dévolu. Mais ce Michel-Ange contemporain ne se complaît pas uniquement dans la mise en scène des turpitudes de ce bas monde. Quelquefois, il quitte l’Enfer de Dante pour nous emmener du côté du Paradis. Cela donne alors la formidable réunion de centaines d’artistes dans un «Parliamento» dont on rêverait de suivre les débats. Ou la manifestation géante rassemblant des people du monde entier autour du slogan «Libérez les images». Sans oublier ce «Midnight in Belgium» où toutes les personnalités marquantes de notre pays se retrouvent autour d’un fritkot devant le Palais Royal. «Formidable !» se marre Stromæ. «Surréaliste !» s’amuse Magritte devant une frite qui danse et un Manneken Pis surmontant la Marque Jaune. Et on peut parier que dans une fraction de seconde, tous beugleront en chœur avec Arno : «Putain, putain, c’est vachement bien !» Extrait du livre 'Every day is picture day' paru en 2022.

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CASTING — Lors de la réalisation de cette fresque les noms des personnes n’ont pas été répertoriés. Mais ils étaient plus de 800 selon le créateur et 400 selon la police.
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