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— SERIES —

Marry me

¬ 20 Photos de mariage sous rayon x

80 x 110 cm | 2004 > 05
Imprimé à 5 ex. sur toile structuré et maroufler sur PVC 15mm

Pour le meilleur et pour le pire... mais soyons honnêtes, le jour du mariage, c’est surtout le pire qui a payé son billet d’entrée. Le meilleur? Il n’a pas reçu l’invitation (ou alors il a perdu l’adresse). Les petits démons intérieurs? Sagement planqués dans un coin, griffes rentrées, le sourire aussi faux que celui du cousin qu’on n’a pas vu depuis 15 ans. Ce jour-là, tout le monde est beau, bien peigné et, surtout, bien maquillé: les mariés resplendissent, la belle-famille joue la carte de la diplomatie, les beaux-parents sont des saints, et même les enfants ressemblent à des anges (oui, temporairement). Allez, tous ensemble: 'Dites cheeeese, et montrez vos cornes invisibles!' Parce que quand le pire est à son meilleur, le vrai spectacle commence!

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INTRODUCTION 'Les séries & portraits' | XAVIER LÖWENTHAL | Auteur & éditeur (La 5e Couche) | 2021 — Les séries et les portraits de Lucas Racasse participent d’une esthétique baroque qu’on pourrait dire ‘d’auto-tamponneuse’ (‘d’auto-scotère’, aurait-il dit lui-même, dans son enfance brabançonne), avec les chairs et les muscles marbrés de Rank Xérox, le héros culte de Liberatore, et, simultanément, les calmes chiaroscuri des tableaux de Hopper. Ses filmstills à la Cindy Sherman, de films qui n’existent pas toujours, présentent des scènes sordides de faits divers violents, toujours nimbés d’une lumière boréale, comme une annonciation de Fra Angelico. Guy Peellaert fut son maître, sa fée, la marraine qui se pencha sur son berceau. Peellaert, qui n’avait besoin que d’une image pour dire les 129.600 que compte un film. Cela en fait des noms, en à peine quelques lignes. C’est que l’imaginaire de Racasse est plein de références : c’est un homme cultivé. Racasse a beaucoup travaillé pour l’art vivant (une soirée endiablée, c’est de l’art vivant). Ce qui est vivant meurt (sauf l’instant, qui est parfois éternel). Ce travail-là précède l’événement, l’annonce, l’accompagne parfois. L’événement passe. Il produit ces instants éternels et disparaît. Il en survient un autre et ça recommence. C’est un rythme saccadé, frénétique aussi. Il faut aller vite, rendre les choses à temps. C’est un sprint en équipe. La ligne franchie, Racasse, loin de toute urgence extérieure, mû par sa seule urgence intérieure, retrouve la solitude du coureur de fond. Car il court encore, il ne peut pas s’arrêter, il est comme la révolution qui est comme une bicyclette qui, pour ne pas tomber, va. Il se plonge alors avec délectation dans l’ouvrage obstiné de l’artisan, jusqu’à ce qu’un nouvel événement l’en arrache. C’est ainsi qu’il trompe la page blanche : en menant, parallèlement à son travail d’artiste de l’événement, plusieurs séries, de front, qui, elles, ne s’achèvent jamais. Des affiches de films qui n’existent pas, des dioramas de champs de bataille (Waterloo ! Waterloo !) évoquant l’actualité politique et les ‘grands hommes’ qui la font, à coup d’élections et de guerres, sous le regard cauteleux de Walter Bull, son Belzébuth, des chicons, des frites, des atomiums (atomia?), saint roi Baudouin et sa vierge Fabiola, la vérité de la chair putrescible dans les représentations cliché de l’amour kitsch, des travailleuses du sexe comme des portraits de reines... Et ne soyez pas surpris de ne pas reconnaître tous les portraits d’icônes à la Warholl de Racasse : à ses yeux, tous ses amis sont des pop-stars. extrait du livre 'Every day is Picture Day' | 2020
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